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Plumpy’nut, entre action humanitaire et logique économique

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Une PME normande, Nutriset, est à l’origine de la création d’un produit qui permet de sauver la vie de millions d’enfants, le plumpy’nut (noix dodue). Cette pâte énergétique inventée en 1998 est constituée d’un mélange d’arachnide, de sucre et de lait. Elle fait figure de produit miracle dans le domaine humanitaire.

 Cet aliment d’un genre nouveau contient à la fois des vitamines et des minéraux, soit tous les aliments nécessaires aux enfants atteints de malnutritions sévères pour survivre.

 « Le nutella du pauvre » est conditionné dans des paquets hermétiques pendant deux ans, ce qui permet à cet aliment de résister aux bactéries.

Contrairement au lait en poudre, traditionnellement utilisé pour nourrir les malnutris, il n’est pas nécessaire de mixer le plumpy’nut avec de l’eau pour l’administrer.

Premier aliment thérapeutique prêt à l’emploi, le plumpy’nut peut être directement administré aux enfants par leurs parents. La prise en charge des malnutris ne se fait plus nécessairement dans les hôpitaux, ce qui permet de faciliter grandement le travail des organisations humanitaires.

Un exemple cité par Stéphane Doyon, coordinateur de campagne humanitaire pour Médecins Sans Frontières (MSF). En 2002, une campagne humanitaire a mobilisé 2.000 travailleurs humanitaires pour soigner 8000 enfants malnutris. Deux ans plus tard, une campagne au plumpy’nut a permis de nourrir 10.000 enfants, avec un personnel limité à 120 personnes.  

Créée en 1986, La PME normande Nutriset consacre 100% de son activité à l’action humanitaire. Ses principaux clients sont les agences des Nations Unies (73%) et les ONG internationales (11%).

Nutriset a créé PlumpyField, un réseau comprenant douze partenaires producteurs dans des pays du sud. Sur les 22.500 tonnes de plumpy’nut fabriqués en 2010, 8.000 l’ont été dans des pays en développement.

Nutriset n’est néanmoins pas exempt de critiques. Peux-on à concilier action humanitaire et logique économique dans l’humanitaire ? Le produit miracle inventé par le nutritionniste André Briend et le PDG de Nutriset Michel Lescanne, est en tout cas au centre d’un litige commercial.

Fin 2009, deux entreprises américaines attaquent Nutriset en justice, contestant le brevet qui empêche à d’autres entreprises d’en fabriquer. Les compagnies américaines ne comprennent pas cette situation de monopole, arguant notamment que leur pays dispose de surplus important de cacahouètes et assurant pouvoir fabriquer du plumpy’nut à un coût inférieur.

Nutriset a décidé d’ouvrir son brevet en 2010, mais seulement à 26 pays du sud, pour leur permettre de développer leur propre filière de production. Michel Lescanne cite l’exemple de l’Éthiopie, où le plumpy’nut est devenu « une des plus grosses entreprises agro-alimentaire du pays, avec 300 employés, et qui permet de faire travailler la filière de l’arachnide en amont ».

Néanmoins, la position de Nutriset n’est pas dépourvue de contradiction. Nutriset assure vouloir favoriser le développement de la filière dans les pays du sud, afin qu'ils ne soient pas dépendants des pays du nord. L’objectif ambitieux pour 2015 est d’avoir 50% de la production de plumpy’nut dans les pays du sud, soit une vingtaine de producteurs répartis entre l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Amérique Centrale et l’Asie.

Mais dans le même temps, le groupe Nutriset réalise une part de plus en plus importante de sa production aux États-Unis, par l'intermédiaire d'une organisation à but non lucratif, sachant que ce pays assure à lui seul 50% de l’aide humanitaire mondiale en utilisant uniquement des produits fabriqués localement.  

Pour MSF, Nutriset devrait ouvrir son brevet à tous les pays, sachant que plus de la moitié des pays africains ne peuvent pas encore fabriquer eux-mêmes le produit.

En attendant, Nutriset continue de se développer et n’est plus vraiment une PME. L’entreprise produit 40.000 tonnes par an et génère un chiffre d’affaires de 97 millions d’euros. Nutriset réinvestit tous ses bénéfices dans le département développement et recherche.

Mais Stéphane Doyon regrette que tous les progrès réalisés dans la recherche restent la propriété intellectuelle de Nutriset et ne bénéficie pas directement aux organisations humanitaires.

Si Nutriset continue de se développer, la naissance d’un géant de la nourriture pour enfants malnutris serait forcément perçue avec méfiance. Même si évidement, l’essentiel serait de trouver une solution pour nourrir les plus de 20 millions d’enfants souffrants de malnutrition sévère. Une solution qui a coût rappelle Michel Lescanne : « 600 millions d’euros soit cinq avions rafales », alors que le marché de l’humanitaire se chiffre aujourd’hui 100 et 150 millions d’euros. 

 

 


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